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L’INTERVIEW | Marianne GUÉLY, par amour du papier


Marianne GUÉLY
Marianne GUÉLY

Designer industrielle freelance à l’origine, Marianne GUÉLY a fondé en 2007 le Studio Marianne Guély. Ce dernier mobilise une équipe d’artistes, d’artisans et de designers aux savoir-faire d’excellence afin de réaliser des créations d’exception autour du papier pour des projets dans l’événementiel, l’architecture design, la création de décors ou de vitrines. Si l’expertise du papier est au cœur de son ADN, le Studio a étendu son travail de création à l’albâtre, au métal, au cuir ou encore à des tissus et à divers matériaux industriels.


Après une expérience de designer chez Nathan, vous êtes progressivement devenue tout à la fois designer, artiste et artisan du papier. Quel est le fil rouge de cette passion originale pour le travail d’une matière qui est aussi un support ?


Ce fil rouge, c’est ma passion de raconter des histoires par le biais de la matière. Le papier est pour moi une source infinie d’inspiration, un support de travail sans limite. À la fois outil de recherche et matériau de création, j’aime sans cesse le revisiter, le transformer et l’ennoblir. D’un petit objet délicat comme un éventail jusqu’aux scénographies monumentales qui allient la précision de l’infiniment petit aux volumes extravagants, nous donnons naissance à des mondes imaginaires.


Le Studio est un laboratoire où sont associés savoir-faire traditionnels et techniques innovantes pour transformer des rêves en réalité. Nous faisons interagir l’univers du design industriel, de la création artistique et du geste artisanal pour créer des contes, des poèmes de papier. Chaque projet ressemble à une production de film : le studio rassemble plusieurs métiers et talents - plisseurs, doreurs… - qui donnent matière à l’imaginaire. Et tout cela se fait de manière ludique sans jamais transiger sur l’exigence.


Chaque jour, je continue ainsi à découvrir et à m’émerveiller.


Au showroom du Studio Marianne Guély, 46 rue de Provence, dans le 9e arrondissement de Paris.



A l'atelier du Studio Marianne Guély, 10 rue de la Motte, à Aubervilliers.


A priori, à la différence du Japon, la France ne considère pas le papier comme une matière noble, ni l’origami comme un art. Pourquoi produisez-vous localement 100% Paris ? Existerait-il un art du pliage du papier “à la parisienne” ou “à la française” ?


La culture du papier n’est pas la même en France qu’au Japon, c’est vrai. C’est aussi ce qui fait l’intérêt d’un studio basé à Paris et de surprendre, d’émerveiller à partir du papier. Le papier c’est une matière vivante. Ses possibilités sont immenses. Il offre une flexibilité qui permet toutes les fantaisies. On peut le galber, le gaufrer, l’embosser, le dorer, le sérigraphier ou encore le sculpter. C’est aussi une matière locale, circulaire, qui est recyclable et complètement réutilisable. Ses qualités éco-responsables sont plus essentielles que jamais à l’heure actuelle.


Si j’ai fait le choix d’une production Art & Craft à Paris il y a 25 ans, c’est aussi parce que le Grand Paris est une ruche qui rassemble d’innombrables artistes et artisans avec lesquels j’aime travailler. C’est un choix qui peut-être à contre-courant et un défi quotidien, mais il me convient bien et aujourd’hui ma démarche est mieux comprise.


Indéniablement, il existe une élégance française que l’on retrouve en matière de création. Paris, c’est un esprit, je préciserais même un goût et une allure qui font toute la différence. Nous expérimentons dans le travail au Studio et cela nous permet d’innover constamment, en construisant un écosystème en perpétuelle évolution. Nous avons créé une véritable signature. Aujourd’hui, ce sont les Japonais qui viennent nous voir et sollicitent des projets pour notre style à la française.


L’inflation du prix du papier ne freine manifestement pas votre activité. Quelles sont vos principales actualités ?


Avec mes équipes, nous avons décidé de faire de l’inflation actuelle une source d’innovation et d’inspiration ! Les contraintes nous incitent à repousser les limites et repenser nos futurs projets dans une démarche d’optimisation encore plus responsable : nous avons revu la gestion de nos stocks et nous sourçons des matériaux encore plus innovants et écologiques.


Nous avons une riche actualité, comme notre participation aux côtés de la maison Montblanc à Homo Faber à Venise, biennale qui rassemble artisanat d’art et artistes d’exception. Nous avons conçu une installation immersive autour d’un alphabet imaginaire inspiré par l’art de la calligraphie et composé de lettres sculptées en 3D. Pour la Montblanc Haus à Hambourg, nous avons réalisé une collection de vitrines ainsi qu’une œuvre pérenne suspendue sous le dôme impressionnant de ce lieu unique dédié à l’art de l’écriture et à l’histoire de Montblanc.


Enfin, les visiteurs du Château de Chantilly peuvent découvrir la table de printemps que nous avons réalisée dans le cadre d’un mécénat de compétence avec l’institution. Cette décoration monumentale et éco-conçue à partir des archives du studio est exposée dans la galerie des cerfs et sublime la nappe sur mesure fabriquée par la maison Yves Delorme.


La table de printemps au Château de Chantilly.


Comment Paris pourrait-il mieux rayonner dans le domaine de la création papier et, plus largement, de l’événementiel d’exception ?


Paris regorge d’un savoir-faire local exceptionnel en matière d’événementiel. On compte de nombreux artistes et artisans spécialisés dans ce domaine qui se conjugue à une créativité unique, synonyme d’un art de vivre et d’une élégance typiquement parisienne.


Paris a véritablement une place à se faire et à développer dans ce domaine, au-delà des lieux d’exceptions mais aussi en valorisant et préservant les métiers et les créatifs qui permettent de créer rêves et poésie le temps d’un événement.


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